Pharmacopée n°72

Ne pas se laisser bousiller par la souffrance

Dans la Pesanteur et la Grâce, Simone Weil écrit : « Ne pas oublier qu’à certains moments de mes maux de tête, quand la crise montait, j’avais un désir intense de faire souffrir un autre humain, en le frappant précisément au même endroit du front. » Hyper lucide, la philosophe Simone Weil nous donne un sacré courage : descendre au fond du fond pour y déceler toute graine de haine qui, si elle n’est pas identifiée, extirpée, peut nous péter, c’est le cas de le dire, à la gueule à tout instant. La souffrance, oui, peut nous rendre dingue, méchant, cruel … Devant l’insupportable de la douleur ou d’un traumatisme, comment ne pas devenir la marionnette de ce qui nous tire vers le bas ?

Dans notre pharmacopée, outre l’ascèse joyeuse, une autre antidote : tout mettre en oeuvre pour que personne ne soit tyrannisé, gangréné par l’épreuve.

12 Comments on “Pharmacopée n°72”

  1. Merci, pour cette pharmacopée.
    J’ai découvert vos pharmacopées, avec votre livre : petit traité sur l’abandon.
    Ces petites phrases, remplacent efficacement, les remèdes de pharmacie.
    Elles boustent, remettent sur les rails.
    Merci pour ce partage

  2. Bonjour Alexandre, oui la souffrance peut rendre méchant . La souffrance provoque la colère , cette colère destructrice. Pour moi, c’est le départ de mon mari vers une autre personne qui a provoqué un cataclysme. Heureusement, mes enfants, mes amis m’ont entourée . Je peux continuer mon chemin seule et accompagnée à la fois. Toujours se remettre en question, mettre de côté son propre jugement et essayer de rester en joie. Je m’appuie sur la danse, la musique. Quand je vous ai entendu parler de votre joie après un cours de danse, je me suis reconnue.
    Je ne connaissais pas vos livres mis à part celui coécrit avec vos 2amis. Je viens de commencer » Le philosophe nu » et j’apprécie . Pour moi la philosophie, c’était des cours barbants l’année du BAC. et aujourd’hui je lis Alexandre Jollien avec plaisir !!! ( à 60ans!)
    La joie, rester en joie , c’est difficile mais quel beau travail, travail de chaque jour, chaque heure, chaque minute.
    Merci pour toutes vos réflexions, vos questionnements , votre spontanéité et votre sourire d’homme bon.

  3. oui quand la douleur est forte, on peut péter les câbles.. Ou une grosse fatigue aussi, on sort les crocs pour mordre.
    j’ai lu votre dernier livre et vous en remercie. Avec votre « boue » vous nous faites grandir !
    Pour moi, votre corps n’aurait pas été celui d’un éphèbe, mais plutôt celui de Bernard Campan que je vois comme votre frère.
    Prenez soin de vos chers proches qui existent avec vous.
    Bonne soirée et je souhaite que la douleur s’apaise.
    Mes meilleures pensées.

  4. « tous les cris les sos » chanson de Balavoine chantée par stephan EICHER (sur youtube).
    Voilà peut être au moins tout ce qui nous relie et nous rassemble… tout nu

  5. Bonjour Alexandre .
    J’ai 62 ans et voilà un petit moment que je vous écoute au travers de quelques émissions et que je vous lis au travers de quelques-uns de vos ouvrages et bien sûr ce que vous avez écrit avec deux de vos frères Mathieu et Richard .
    Je fais partie de ceux qui sont nanti que ce soit au niveau de la santé quand terme de confort matériel .
    C’est grâce à vous que j’ai pris conscience simultanément de deux choses la première c’est que ce dernier point en terme de confort matériel faisait pas partie de mon essentiel de vie et la deuxième c’est que je vais me consacrer dorénavant au maximum de mes possibilités aux autres ceux que je considère aujourd’hui comme mes sœurs et mes frères et plus précisément à ceux qui n’ont justement pas la chance d’être en bonne santé voir dont leur corps menace d’arrêter de vivre
    Alors c’est mon immense gratitude que je voudrais vous exprimer car si au départ ces quelques lectures s’alternaient avec d’autres moins spirituelles je n’avais jamais imaginé ni même oser espérer l’impact qu’elles ont pu avoir sur moi .
    J’ai véritablement été transformé et aux dires de mes proches devenu meilleur pour les autres .
    Ceci m’a permis de trouver une grande paix intérieure et de serrer le cou a beaucoup de mes souffrances et de mes prisons .
    Si je devais formuler un vœu aujourd’hui ce serait d’avoir la chance de vous rencontrer avec Mathieu et Richard .
    Un peu comme un enfant qui voudrait rencontrer le Père Noël sachant que le cadeau que j’ai reçu de vous ai déjà inestimable .
    Je vous espère aussi bien que possible et vous souhaite longue vie en paix et avec le moins de souffrance possible
    Avec mes meilleurs sentiments

  6. Le printemps nous gratouille et je vous dis merci pour tout ce que vous nous donnez avec vos amis. Mélangé, mixé avec toutes les vies de ceux qui vous lisent et vous aiment , élargit la fraternité .

  7. Très cher Alexandre, merci d’être vous. J’ai passé quinze jours à l’hôpital et seule la lecture de votre Petit traité de l’abandon m’a remonté le moral. Je me reconnais dans ce que vous exprimez, si bien, et c’est agréable de me sentir moins seule. Je suis hp comme ils disent, surdouée, zèbre… Je suis plutôt contente de pouvoir enfin mettre des mots sur mes maux. Mais la zébritude est épuisante. Vos pharmacopées me sont précieuses, véritables mantras me guidant vers la liberté intérieure. Je vis pour le moment entourée de narcissiques (certains-es pervers-es), telles sont les femmes dans la famille du côté de ma mère. Voici une de mes citations préférées : » (…) nouvelle ascèse. Ne pas compliquer les choses. Ne rien surajouter quand les difficultés apparaissent. Sans les nier, il s’agit de retourner au réel, de voir que l’imaginaire, comme un cheval, s’emballe et empire la situation. » J’apprécie beaucoup le « Ce n’est pas compliqué » ! Quel bonheur que de vous lire ! Je me bats pour apprendre à m’affirmer davantage, moi l’altruiste naturelle, dotée d’une empathie handicapante (comme la plupart des zèbres). J’aime les gens, j’aime la vie, tout le contraire de mon entourage narcissique obsédé par son seul nombril. Vivement que je puisse partir de chez eux.
    Le dépouillement fait partie de ma vie depuis longtemps, je me contente de peu. Je n’ai aucune convoitise d’aucune sorte. J’ai appris à apprivoiser mes désirs, quels qu’ils soient et à les laisser passer tranquillement sans m’en occuper puisqu’ils finissent toujours par s’évaporer dans la nature.
    J’ai l’intention de lire tous vos livres.
    Prenez soin de vous, svp continuez le combat, ensemble nous sommes plus forts.
    Très cordialement,
    Anne-Sophie

  8. Ceci dit on ne répond pas la violence par la violence sinon on devient une incarnation de la violence. Elle est mauvaise conseillère… Après la justice se fait où ne se fait pas. Il vaut mieux garder une estime de soi et s’en moquer.

  9. La souffrance, tel un virus qui se transmet d’un individu à un autre est un fléau dans notre humanité, comme si le remède résidait dans la contamination, j’ai vu, j’ai vécu cette passion que certains s’acharnent à entretenir aussi bien dans les petites choses du quotidien que dans la grande histoire de leur vie.
    La transcendance réside dans le dépassement de nos blessures et tranmuter ce virus par l’amour, le grand, celui qui s’adresse à tous, au delà de toutes formes , pour qu’enfin l’humain laisse émerger sa lumière en toute simplicité. C’est ce que chaque jour je m’emploie à faire, autour de moi, par nature et par philosophie car dans cette pratique s’est révélée à moi le principe même que donner c’est recevoir, c’est cela qui m’apaise et qui me rapproche au plus près de ma vérité. J’ose croire qu’il puisse en être de même pour les autres et rêver qu’un jour, sur cette planète l’humain est suffisamment grandi pour laisser s’affirmer la raison même de sa présence.
    Bien à vous

  10. bonjour Alexandre.

    La lucidité la plus grande serait de reconnaitre une bonne fois pour toute que nous sommes dans l’erreur fondamental de croire que nous sommes quelqu’un pour nous-meme. Reconnaitre l’ego pour ce qu’il est, apporte une clarté sans précédent. Apres cela, si la haine s’élève dans l’esprit, l’on ne peut ni si attacher, ni la rejeter. Car l’expérimentateur et l’expérience sont indissociables. En unité parfaite.

    bien cordialement.

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